Réalisation
du projet de la mare
Une mare est une petite étendue d’eau dormante atteignant au plus 1,5 mètre de profondeur.
Qui dit MARE signifie que l’intervention sur la vie du milieu aquatique sera limitée au strict minimum, ceci afin de permettre aux espèces
sauvages de s’y développer librement.
Pour installer une mare, il faudra disposer d’une surface d’au moins
2 ou 3 mètres carrés bénéficiant de bonnes conditions d’ensoleillement. La
surface habituelle d'une mare de jardin varie entre 3 et 25 mètres carrés pour
les plus petites et atteint une centaine de mètres carrés pour les plus
grandes. A chacun d'évaluer la taille de la mare en fonction de ses
possibilités (coût financier, espace disponible, ...).
Les
mares de plus grand format (10-30 m2) attirent bien entendu plus
d’animaux...
!!! Attention !!!
Pour les enfants en bas âge, la présence d’une mare dans le jardin va constituer
invariablement un attrait certain ainsi qu’un risque de noyade à ne pas négliger. Il appartient à chacun d’évaluer l’importance de ce risque et d’installer,
le cas échéant, un grillage de protection autour de la zone humide.
Le
choix de l'emplacement de la mare |
La mare doit être implantée dans un endroit dégagé et ensoleillé (si possible,
elle sera exposée au sud et dégagée à l’est et à l’ouest) : lumière et chaleur
sont indispensables au bon développement de la végétation aquatique et à l’équilibre biologique de la mare.
Cependant, attention, trop de soleil nuit aussi à l'équilibre du plan d'eau.
Le bon compromis est 6h d'ensoleillement par jour avec un ombrage aux heures les
plus chaudes de la journée.
La mare sera creusée à l’écart des arbres dans la mesure où l’accumulation
de feuilles mortes et surtout d’aiguilles de résineux provoque une acidification,
l’apparition d’une coloration brunâtre et un envasement excessif de
l’eau (phénomène d’eutrophisation).
Il est toujours
possible de disposer un filet au-dessus de l’eau pour recueillir les feuilles
mortes en automne.
De plus, le développement racinaire des arbres ne
facilitera en rien les travaux de terrassement et pourrait, plus tard, trouer ou
dégrader le système d’imperméabilisation. |
|
Pour l’emplacement de la future mare, on peut par exemple profiter d’une dépression existante ou
d’une zone marécageuse. On évite de placer la mare sur une pente trop importante ou dans une zone où elle pourrait être sujette à des éboulements.
La mare a parfaitement sa place à proximité d’un tas ou mur de pierre ou
encore d’une
rocaille. Dans la mesure du possible, évitez de la placer au milieu de la pelouse.
Il faut la creuser plutôt en périphérie du jardin, non loin d’une zone plus
"sauvage" (par exemple à proximité d’une haie ou d’une zone non tondue
qui constituera un refuge idéal pour la faune).
Pour délimiter précisément l’emplacement de la mare, il faut encore avoir à l’esprit le fait que les bords extérieurs de celle-ci devront tous être de
niveau, faute de quoi l’eau s’en échappera comme d’une assiette à soupe trop penchée ! En conséquence, la pente générale du terrain devra être aussi
faible que possible. S’il existe une légère dénivellation, on alignera le périmètre
extérieur de la mare sur le point le plus bas. La cavité sera toujours creusée
dans la terre ferme. Il serait en effet illusoire de vouloir construire un remblai de terre latéral pour retenir la bâche : celui-ci s’affaisserait rapidement
sous le poids important de l’eau au moment où l’on remplira la mare.
Creuser
la mare, formes et profondeurs |
Avant
de creuser, il convient de réfléchir à la forme que va prendre la mare.
Evitez des formes avec des angles droits (rectangle et carré) et préférez des
formes arrondies (oval, rond ou encore en forme haricot).
Vous
pouvez planter de petits piquets reliés entre eux par une corde pour
vous représenter la forme de votre future mare. Cela vous permettra également
d’observer si l’ensoleillement de l’emplacement est optimal.
Pour creuser, peu importe le moyen choisi. Les plus courageux le feront à la pelle, les autres loueront une petite pelleteuse mécanique.
Il faut prévoir des pentes douces, plus abruptes avec des zones de profondeurs variables (zone profonde,
moyennement profonde et peu profonde).
Cette configuration variée de la forme de la mare est nécessaire pour que la vie sauvage se développe, tant d’un point de vue de la faune que de la flore.
Zone peu profonde (1-30 cm)
C'est une zone particulièrement riche en biodiversité, et qui plus est, celle où les observations des habitants de la mare est la plus facile : il faut donc, idéalement, qu'elle occupe une surface importante !
Cette
partie de la mare se réchauffe rapidement sous l’action du soleil, ce qu'apprécient de nombreuses espèces. Propice au développement des têtards, elle attire aussi leurs prédateurs : tritons, larves de libellules ou d'autres insectes aquatiques.
La
zone peu profonde abrite les plantes du bord de l'eau (sallicaire, reine-des-prés, populage des marais, lysimaque vulgaire, jonc épars, …) ainsi que les plantes semi-aquatiques (iris jaune, massette, roseau, trèfle d'eau, …). Du point de vue esthétique, son aménagement est crucial pour réussir l'intégration du plan d'eau et de ses abords...
Il
est conseillé de choisir le côté nord pour réaliser la berge en pente douce car en faisant face au soleil, elle bénéficiera d’un ensoleillement optimal.
Zone
moyennement profonde (30-80 cm)
Elle constitue une surface de nage pour les amphibiens, notamment les tritons, et constitue la transition vers la zone profonde. Les amphibiens peuvent s'y réfugier pour échapper aux prédateurs.
Zone très profonde (80-150 cm)
Cette zone représente un abri salvateur pour les amphibiens en cas de gel.
Elle héberge les plantes submergées comme les myriophylles ou les potamots. Ces plantes sont dites
"oxygénantes" car elles renouvellent l’oxygène de la mare et contribuent donc au maintien de la qualité de l’eau.
Si votre bassin est de très petite taille, il est impossible de réaliser à la fois une zone très profonde, des berges en pente douce et de vastes surfaces peu profondes... Dans ce cas, limitez la profondeur maximale à 50 cm et consacrez tout attention aux zones peu profondes !
Une fois le trou creusé, il faut bien vérifier l’horizontalité des bords de la mare afin qu’il ne subsiste aucun endroit plus bas par où l’eau pourrait s’échapper. Utilisez pour ce faire la technique du niveau d’eau. Un tube souple transparent fera parfaitement l’affaire et vous donnera une mesure précise.
Nettoyage
du trou et protection contre les rongeurs |
Le trou est creusé. Il faut ensuite nettoyer parfaitement l’ensemble de la surface de la future mare. Enlevez pierres et racines puis tassez vigoureusement la terre tout en lissant les éventuelles protubérances.
Dans
le cas de l'utilisation d'une bâche, protéger l’emplacement de la curiosité de certains rongeurs est également important. Il serait dommage qu’une rate troue la bâche de votre mare, réduisant ainsi vos efforts à néant. La pose d’un treillis galvanisé est donc recommandée. Pour bien faire, ce dernier doit être formé de mailles de 1 cm.
Imperméabilisation
de la mare |
Bien que la réalisation d’une mare soit parfois possible dans certains sols sans pose d’un revêtement, il est toutefois conseillé de toujours rendre votre futur point d’eau étanche. Pour ce faire, la traditionnelle bâche reste une valeur sûr.
À l'exception de certains sols très argileux, vous devrez toujours rendre votre futur point d’eau étanche. Pour ce faire, différents types de matériaux peuvent être utilisés : bâche en PVC, bâche en caoutchouc butylé ou en EPDM, géomembrane, bac préformé en polyester, fibre de verre, argile, voire même béton.
Parmi toutes ces techniques, le meilleur rapport qualité/prix reste la traditionnelle bâche en PVC. Elle doit avoir au minimum
1mm d’épaisseur.
On évitera cependant de
marcher avec des chaussures sur la bâche. Sa durée de vie est généralement garantie par le fabricant pour une période supérieure à 10 ans.
Avant de placer la bâche, recouvrez l’étendue du trou de 5mm de sable afin d’établir un sol meuble qui permettra d’éviter de la trouer. À la place du sable, vous pouvez aussi placer un géotextile qui aura la même efficacité.
Tout dépend sa taille, mais la pose de la bâche est généralement un exercice pour le moins sportif. Quelques paires de bras seront nécessaires pour manipuler la toile avec aisance.
Calcul de la surface de la bâche
:
Longueur de la bâche = longueur max. de la mare
+ 2 X profondeur max.
+ 60 cm (2 x 30 cm de bordure)
Largeur de la bâche = largeur max. de la mare
+ 2 X profondeur max.
+ 60 cm (2 x 30 cm de bordure)
Le
remplissage de la mare |
Par souci d’écologie, mieux vaut laisser la mare se remplir un maximum avec l’eau de pluie. Ajoutez ensuite de l’eau de ville afin d’équilibrer la qualité de l’eau.
Avant le remplissage, vous pouvez disposer une couche de substrat (50% argile ou terre - 50% sable ou des graviers de rivière) sur environ 10 cm sur l’ensemble de la surface de la mare. Celle-ci sera bien utile au développement des futures plantes aquatiques.
Patienter pour laisser la mare se remplir avec de l’eau de pluie ou récupérer l'eau d'une citerne est évidemment la solution la plus écologique. On peut aussi y ajouter un peu d'eau de distribution. Ce mélange des deux eaux permet en fait d’obtenir un milieu aquatique ni trop acide, ni trop basique. Mais l'eau de distribution contient souvent d'importantes quantités d'éléments nutritifs qui risque d'engendrer une pullulation d'algues filamenteuses...
Après quelques jours, n’oubliez pas
d’arrimer la bâche afin de la stabiliser. Vous devez en réalité l’enfouir dans le sol au-delà des berges. Par la suite, vous pourrez éventuellement réutiliser les mottes de pelouse enlevées lors du creusement du trou pour cacher la toile, ou des graviers de rivière, disponibles en sac en jardinerie.
Introduction
des premières plantes aquatiques |
Les plantes aquatiques mettent très longtemps à apparaître naturellement dans la mare. Introduisez donc quelques plantes au début afin d'accélérer les choses, mais respectez leurs préférences écologiques.
Les plantes aquatiques sont utiles pour purifier et oxygéner l’eau. Vous pouvez attendre qu’elles poussent d’elles-mêmes, mais il faudra alors plusieurs années avant d’obtenir une mare riche en végétation. Pour accélérer les choses, introduisez quelques espèces dès l’installation de la mare.
Disposer les plantes en fonction de leurs préférences écologiques (profondeur d’eau) est absolument indispensable.
L’iris des marais, par exemple, se place à quelques dizaines de cm de profondeur tandis que les nénuphars doivent être installés à au moins 80 cm de la
surface.
Enfin,
éviter absolument les plantes invasives et privilégiez les plantes "bien de chez nous". De nombreuses plantes exotiques envahissent à l’heure actuelle nos mares et prennent la place de nos espèces. Notre faune n'est pas adaptée à ces espèces venues d'ailleurs: elle colonisera donc moins aisément les mares remplies de plantes exotiques !
Sources
: documentation de la région wallonne, natagora et notes personnelles
|